Avant de commencer (sans spoiler)
À l’aube de l’Amérique est une mini-série qui prend aux tripes. Dès le premier épisode, j’ai été happé par son ambiance oppressante, ses paysages sublimes et sa violence brute – jamais gratuite, toujours cohérente. C’est une œuvre qui dérange, qui bouscule, qui exige qu’on la regarde sans détourner les yeux. Tout n’est pas parfait, loin de là, mais l’expérience est intense et inoubliable. Si vous voulez garder la surprise, arrêtez-vous ici. Pour ceux qui veulent en savoir plus, je vous invite à lire la suite… attention, spoilers.
L’ambiance, premier personnage de la série
Ce qui m’a happé avant tout, c’est l’ambiance. Les paysages sont sublimes, grandioses et écrasants. Chaque plan large me rappelait à quel point l’Ouest américain était un territoire sauvage et impitoyable. Et dans ce décor, la violence surgit sans prévenir, brute et crue. Jamais gratuite, toujours cohérente avec le monde représenté. Oui, ça scalpe, ça frappe, ça tue – et on ne détourne pas les yeux, parce que ce monde-là ne laisse aucune place à la douceur. Résultat : je suis resté tendu tout du long, pris dans cette atmosphère où le spectateur, lui aussi, lutte pour respirer.
Des personnages charismatiques… mais inégaux
Plume de Sang & le Clan du Loup
Joué par Derek Hinkey, c’est le chef charismatique du Clan du Loup et une grande figure guerrière Shoshone.
Un charisme fou. Dès leur apparition, ces guerriers peints m’ont marqué par leur présence. Mais c’est surtout Plume de Sang qui m’a marqué. Et sa mort dans les bras de son fils… j’en ai eu les larmes aux yeux. Une scène forte, brutale et poétique, mais mal exploité qui passe presque inaperçu.
Isaac Reed
Joué par Taylor Kitsch, c’est un trappeur brisé par la perte de sa famille, survivant endurci et guide malgré lui.
Lui, c’est le roc. L’homme qui survit à tout, presque « immortel ». Blessé, saigné, laissé pour mort, mais toujours debout. Son parcours est captivant, même si parfois cette résilience poussée à l’extrême m’a paru un peu forcée. Mais il reste un personnage solide, incarné avec intensité.
Sara Rowell
Jouée par Betty Gilpin, c’est une mère célibataire prête à tout pour protéger son fils Devin.
Parlons-en. Héroïne par défaut, Sara m’a insupporté une bonne partie de la série. Ses choix absurdes, son entêtement qui met en danger son fils et ceux qui l’entourent… il y a des moments où des claques se perdent. Et pourtant, Isaac lui pardonne tout, comme si de rien n’était. Son arc final, cette romance plaquée de force avec Isaac, m’a agacé au plus haut point. Inutile, artificiel et franchement décevant.
Deux Lunes
Jouée par Shawnee Pourier, c’est une jeune Shoshone en fuite après avoir rejeté la violence de son père, qui trouve refuge auprès d’Isaac et Sara.
Quel gâchis. Ce personnage avait tout pour être une figure forte : une survivante, dévouée, loyale, marquée par une histoire violente. Mais elle reste trop discrète, reléguée en arrière-plan. J’aurais aimé la voir plus, creuser sa psychologie, sentir son évolution.
Jacob & Abish Pratt
Joués par Dane DeHaan et Saura Lightfoot-Leon. C’est un couple mormon séparé (puis réuni) par la violence.
Leur arc était prévisible, et la façon avec laquelle se déroule leurs « retrouvailles » était facilement devinable. Le plan sur leur ultime baiser… Trop long, voire gênant ! Et ça enlève toute l’intensité de la scène entre Plume de Sang et son fils… Dommage. L’ensemble de la scène de la bataille dans le camp Shoshone reste épique : viscérale et rythmée, ça rattrape beaucoup mais c’est un poil frustrant.
Les émotions les plus fortes
La série m’a marqué par ses coups de poing émotionnels. La violence des coups, mais aussi la violence des pertes : d’un père, d’un fort, de la confiance… voilà ce qui m’a touché, plus que n’importe quelle romance forcée. La relation entre Plume de Sang et son fils, très peu abordé dans la série provoque pour autant une émotion mille fois plus forte qu’un baiser final plaqué sur la pellicule. Ces moments-là, quand la série choisit la douleur et la vérité brute, sont ceux qui restent gravés.
Les incohérences qui grattent
Tout n’est pas parfait, loin de là. Un exemple : Devin, le fils de Sara, et son atèle. On le voit boiter, peiner… puis Isaac lui enlève, et hop, soudain il galope comme un cabri. Une incohérence qui fait tâche dans une série qui par ailleurs respire le réalisme.
Autre faux pas : la romance Isaac/Sara. Une fin artificielle, qui me semble contredire même l’histoire d’Isaac, censé vouer un amour éternel à sa famille disparue. C’est pénible ces besoins de romance partout, tout le temps.
Enfin, j’ai regretté que la série ne s’ancre pas davantage dans l’Histoire : quid du destin des Mormons ? des Shoshones ? Un minimum de clarté aurait enrichi le récit.
Une série imparfaite, mais captivante
Malgré tout, je ne peux pas nier l’évidence : j’ai été pris. Elle m’a happé, chaque plan m’a scotché. Les acteurs sont excellents, l’ambiance est magistrale, et la tension est quasiment toujours là.
Oui, j’aurais aimé plus de développement, plus d’épisodes, moins de romance forcée et plus de personnages secondaires creusés.
Mais cette mini-série reste une expérience viscérale, parfois frustrante, mais jamais fade.
❤️ Ambiance magistrale : paysages, tension, violence réaliste et viscérale.
❤️ Des personnages charismatiques portés par des acteurs habités.
💔 Trop de romance forcée sur la fin qui gâche certaines scènes fortes.
💔 Quelques incohérences ou maladresses.
💔 Des personnages sous-exploités comme Deux Lunes par exemple.
Note : 77,00/100
À l’Aube de l’Amérique est une fresque violente, intense, imparfaite mais inoubliable. J’ai pesté, j’ai tremblé, j’ai été ému, et je n’ai jamais décroché. La fin m’a laissé un goût amer, mais l’aventure en valait largement la peine.
| Réalisation | Peter Berg |
| Scénaristes | Mark L. Smith |
| Sortie | 2025 |
