Je viens de terminer le film #JeSuisLà d’Éric Lartigau, avec Alain Chabat. Et je dois bien dire que je suis resté sur le tarmac. Le film m’a laissé perplexe, frustré, et surtout… déçu. Pourtant, il y avait de quoi espérer quelque chose de sincère et touchant. Hélas, on reste dans le flou, comme si le film ne savait pas vraiment où il allait, ni pourquoi il y allait.
Alain Chabat, l’homme qui sauve (un peu) les meubles
J’aime beaucoup Alain Chabat. Vraiment. C’est un acteur que je trouve à la fois drôle, tendre et crédible. Et ici, malgré le naufrage général, il ne trahit pas son talent. Il est juste, naturel, et parvient à rendre son personnage attachant. Mais même le meilleur cuisinier ne peut rien faire avec des ingrédients tièdes. Et là, le scénario, c’est un peu du surgelé réchauffé à la va-vite.
Son personnage, Stéphane, un chef cuistot du Pays basque, plaque tout pour partir à Séoul rencontrer une femme connue sur Instagram. Dit comme ça, ça aurait pu être mignon ou poétique. En réalité, ça vire au bancal, au flou, voire à l’absurde non maîtrisé.
Un aéroport et du vide
La scène centrale du film se passe à l’aéroport d’Incheon, à Séoul, où Stéphane attend sa correspondante coréenne qui ne vient jamais. Le problème, c’est qu’on a vraiment l’impression d’avoir changé de film. On passe d’un portrait intimiste à une sorte de fable numérique qui copie maladroitement Le Terminal avec Tom Hanks – mais en moins drôle, en moins tendre, et surtout, en moins utile.
J’ai souri à deux ou trois scènes, comme celle où il se lance dans une partie de pelote basque imaginaire dans le hall de l’aéroport. Mais à part ça ? Rien. C’est long. C’est flou. C’est creux. On suit un personnage qui tourne en rond dans un aéroport sans que rien ne vienne vraiment faire avancer l’histoire.
Les réseaux sociaux en carton
L’un des thèmes affichés du film, c’est notre rapport aux réseaux sociaux. Mais encore une fois, c’est survolé. On voit Stéphane obnubilé par les messages qu’il reçoit d’une inconnue, on le voit devenir une petite star d’Instagram parce qu’il poste (involontairement) son histoire depuis l’aéroport… mais c’est traité de façon caricaturale, presque naïve.
On nous balance des likes, des followers, comme si ça voulait dire quelque chose. Mais on ne comprend jamais vraiment le plus important : le lien entre les deux personnages. Comment se sont-ils connus ? Pourquoi Stéphane est autant chamboulé par cette femme ? Rien n’est expliqué, rien n’est creusé, ou très peu, trop peu. Résultat : on n’y croit pas une seconde.
Les seconds rôles sont aux abonnés absents
Blanche Gardin ? Je l’aime bien d’habitude, mais là… non. Son accent trop forcé, son rôle secondaire peu utile : ça sonne faux. Les fils de Stéphane ? Pas crédibles non plus. Au tout début du film, l’un d’eux trompe sa femme avec un homme. A la toute fin du film, l’autre fils trouve une copine à Séoul. Et tout ça est posé là, sans cohérence, sans impact. Comme s’il fallait remplir un quota d’intrigues secondaires.
La seule qui tire un peu son épingle du jeu : Bae Doo-na, l’actrice coréenne, discrète mais juste. Mais elle aussi est sous-exploitée, comme tout ce qui touche à la Corée dans ce film, d’ailleurs.
Un film sans saveur, ni racine
Et justement, pourquoi la Corée ? On n’en ressent ni la culture, ni l’ambiance. Le film aurait pu se passer dans n’importe quel aéroport du monde, et rien n’aurait changé. C’est dommage. On sent qu’il y avait une envie de créer un décalage culturel, une rencontre entre deux mondes, mais ça reste une carte postale sans vie.
Même la fin du film m’a paru tirée par les cheveux. Les fils débarquent en Corée (qui s’occupe du resto en France ? Mystère !), on plie l’histoire en deux scènes, et rideau. C’est expédié, sans émotion.
Conclusion : non, vraiment, #JeSuisPasLà pour ça
Ce film ne m’a rien fait ressentir. Pas une émotion forte. Pas un vrai rire. Pas une larme. Il ne m’a pas fait réfléchir non plus. À aucun moment je n’ai été emporté. C’est un film qui survole tout et ne s’attarde sur rien. Trop flou, trop lisse, trop artificiel.
Je ne le recommande pas. Ni aux amateurs de comédie romantique, ni aux fans de cinéma d’auteur, ni à ceux qui cherchent un peu de réflexion sur le monde numérique. Même pas aux curieux de la Corée : ils n’y trouveront rien.
❤️ Alain Chabat, qui porte le film à bout de bras.
❤️ Bae Doo-na, sous-exploité mais toujours juste.
💔 Un Terminal vide, une longue partie du film est une pâle copie de l’excellent film avec Tom Hanks
💔 Les personnages secondaires qui n’apportent pas grand chose au récit.
Note : 30,67/100
Parce qu’Alain Chabat fait ce qu’il peut. Parce que quelques idées visuelles surnagent. Mais pour le reste, c’est un atterrissage raté.
Société de production | Gaumont & Rectangle Productions |
Réalisation | Eric Lartigau |
Scénaristes | Eric Lartigau & Thomas Bidegain |
Sortie | 2025 |