Avec À l’aube de l’Amérique, on entre dans un univers où la beauté sauvage des paysages n’adoucit en rien la violence crue du monde qu’on découvre. Ce premier épisode ne cherche pas à séduire : il bouscule, dérange et installe une tension sourde dès les premières minutes. Entre promesses visuelles, mystères bien dosés et éclats d’humanité vite étouffés, on sent que la série veut en découdre. Et ça marche – à condition d’aimer être mis à l’épreuve dès l’entrée.
Lointain mais captivant
Je n’ai pas regardé cet épisode pour m’identifier. Le Far West, ce n’est pas mon décor, pas mon époque, et je ne cherche pas à y projeter ma propre vie. Et pourtant… j’ai été captivé. Pourquoi ? Parce que la mise en tension émotionnelle est immédiate. Une mère inquiète, un enfant attentif, une ville rude. Je suis témoin volontaire d’un monde qui ne me ressemble pas, mais qui m’absorbe.
Je regarde avec distance, mais pas avec froideur. C’est un peu comme ouvrir un vieux livre poussiéreux et se laisser surprendre par la vivacité de la première page.
La violence sèche, sans préavis
A peine installé devant mon écran, et déjà une première balle. Aucun avertissement, aucune montée dramatique. Juste une mort, gratuite, brutale, presque absurde. Et ça m’a scotché. Le monde dans lequel on m’a jeté ne prévient pas, il frappe. Et ce n’est pas seulement violent : c’est déstabilisant.
Je n’ai pas eu peur, mais j’ai senti que je ne pourrais pas anticiper ce qui allait suivre. Et ça, pour moi, c’est à la fois dérangeant et excitant. Et plutôt cool dans une série !
Les clichés, à surveiller de près
Petit bémol toutefois : lors d’une scène, un père amérindien est présenté comme une bête violente, grognante, presque inhumaine. On ne le connait pas (et puis en faite si), mais c’est dérangeant. Pas pour des raisons morales de principe, mais parce que ça flirte dangereusement avec un cliché qu’on a trop vu. C’est le première amérindiens que l’on entend s’exprime et il beugle comme une grosse vache.
Heureusement, il semble que la série ne généralise pas. C’est peut-être juste lui, ce personnage-là, qui est une ordure. Mais je suis en alerte maintenant. Si la suite réduit les personnages indigènes à des caricatures animales, je décrocherai vite. Ce n’est pas de la morale, c’est une question de richesse narrative et de respect du spectateur.
L’humanité fragile, et vite étouffée
A côté de cela, paradoxalement, il y a des moments d’humanité, des petits moments d’humanité, tout petit. Un simple partage de nourriture, un regard bienveillant entre deux jeunes paumés dans le chaos. Un souffle d’humanité dans un monde de poussière et de fusils. Et puis, boum, tout s’effondre juste après dans une scène d’attaque violente et confuse. Pas le temps de se reposer.
C’est un peu cruel, ce yo-yo émotionnel. Pour les personnages, mais pas pour moi au final ! Ça m’a happé. On essaie de s’accrocher à quelques lueurs d’espoir dans un univers qui ne fait pas de place à l’espoir. Cela semble être la promesse de la série. Espérons que ça continue !
Le doute comme moteur
J’ai adoré être dérouté. L’attaque à cheval m’a pris de court. On voit un cliché, puis finalement c’est autre chose. Des peuples mélangés. Une milice mormone. Une femme recherchée et mise à prix. La série a l’air riche et complexe. Et ça, c’est grisant. J’aime qu’une série me pousse à réfléchir, à remettre en question ce que l’on voit, ce que l’on croit voir. C’est rare. Et ici, c’est bien fait dans ce premier épisode.
Ce que j’ai vécu, en vrai
Je n’ai pas ri. Je n’ai pas pleuré. Mais j’ai été saisi. J’ai ressenti un malaise maîtrisé, une forme de tension narrative qui ne cherche pas à plaire, mais à imposer une ambiance. Et ça, je respecte.
Je ne sais pas encore à qui m’attaché émotionnellement, de peur qu’il ou elle se prenne une balle dans la tête ou qu’il se fasse scalper au plan suivant. Mais je suis accroché au récit, par la brutalité sèche, par les fausses pistes, par le refus de simplifier. Si la série tient cette ligne sans sombrer dans le too much ou les archétypes paresseux, elle peut aller loin.
En bref
Un premier épisode qui me parle à distance, me dérange sans me repousser, et me promet plus qu’il ne m’attache. J’en suis simple spectateur… mais avec les pupilles grandes ouvertes.
❤️ L’ambiance : un western bien badass mais surtout bien pensé et complexe.
❤️ Les paysages : ce Far West sauvage et immense. Grandiose.
💔 Le père indigène, en espérant que son aspect primitif ne soit pas un trait de caractère de toutes les tribus amérindiennes représentées.
Note : 88,00/100
Un début fort, intrigant et visuellement marquant, avec quelques réserves minimes sur certains choix narratifs. Je suis pris, presque conquis, et clairement décidé à voir la suite.
Réalisation | Peter Berg |
Scénaristes | Mark L. Smith |
Sortie | 2025 |